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Note sur une méthode d'embaumement par M. le Dr Henry Moreau, Préparateur à la Faculté de médecine.


source : Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales 8 janvier 1898

" J'ai l'honneur de présenter à la Société une méthode d'embaumement que je crois nouvelle et qui me semble devoir rendre quelques services aux anatomistes. Au cours d'une série de dissections, je m'étais rendu compte de l'imperfection des procédés usités actuellement; imperfections qui portaient :

  1. Sur l'instabilité de la conservation du cadavre ;
  2. Sur la décoloration des muscles et des divers organes, suivant l'agent chimique employé ;
  3. Sur l'altération rapide du tranchant des instruments employés aux dissections ;
  4. Sur l'odeur pénétrante très désagréable que laisse l'agent chimique usité, acide phénique ou acide arsénieux ;
  5. Sur le prix de revient, relativement élevé, de ces méthodes.

Après de nombreux tâtonnements, je me suis arrêté à la formule suivante :

Glycérine neutre à 38 degrés 1.000 grammes.
Azotate de potasse.                     40 —
Cassonade.                                  30 —

En injectant cette masse dans les vaisseaux d'un sujet, très lentement, et en quantité suffisante pour produire un léger œdème périphérique, on réalise un embaumement certain et définitif.

Je vous présente un sujet, c'est le corps d'une fillette de huit ans,morte de broncho-pneumonie rubéolique, ainsi que me l'a certifiée la fiche qu'elle portait à son bras à son entrée à l'amphithéâtre. Elle avait été autopsiée. Par l'aorte abdominale,d'une part, par les sous-clavières d'autre part, j'ai pratiqué l'injection.

Voilà deux ans déjà, le corps a été exposé à l'air libre, suspendu par cette ficelle. Vous pouvez constater :

  1. L'absence absolue de toute odeur ;
  2. La conservation parfaite des parties injectées ;
  3. La conservation de la coloration des muscles, lorsque ceux-ci sont encore protégés par la peau ; dans le cas contraire, ils s'oxydent à l'air et perdent leur coloration rouge ;
  4. La souplesse de ces mêmes muscles ;
  5. Le prix de revient très minime de cette méthode ;
  6. L'absence de tout produit toxique dans sa composition."

Il est évidement à noter que le terme utilisé « cassonade »
est une erreur qui fut corrigée dans le Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris Année 1898 Volume 9 Numéro 1 pp. 17-18 où l’on peu lire ceci :