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Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Qu'en penses tu ? Que pourrais tu dire sur le mot "immortel"?

"L'éternité c'est très long... surtout vers la fin" est un des aphorismes les plus cités de Woody Allen et il a également déclaré : "Je ne souhaite pas atteindre l'immortalité grâce à mon œuvre [...] Je veux l'atteindre en ne mourant pas". Les transhumanistes se servent de cette citation humoristique pour faire avancer leurs prédictions.

            Ils devraient lire un peu plus Allen dans le texte parce que Woody ne croit pourtant pas aux promesses d'immortalité : "Etant libre penseur je ne crois pas à la vie future. Mais à tout hasard, quand je mourrais j’emporterais des vêtements de rechange". Grand réalisateur, apôtre athée de la désillusion, du désenchantement, il est un de mes réalisateurs préférés. Les personnages dans ses films et lui-même dans des interviews distillent des aphorismes ravageurs. D'une grande lucidité, pratiquant l'autodérision ("Mon premier film était si mauvais qu'aux Etats Unis, dans sept états, on l'utilise pour remplacer la peine de mort"), il aborde des questions sur le sens de la vie avec son humour juif. Le Transhumanisme interroge le sens de la vie en le bousculant avec beaucoup de prétention, de prédictions mais sans l'humour de Woody Allen !

On peut faire le pari scientifique sur l'infini de l'univers et son éternité même s'il est difficile de les imaginer, mais l'immortalité de l'homme est une pure illusion née de la peur de mourir et entretenue par les religions. Comme Woody Allen je ne crois pas à l'immortalité pas plus que je ne crois à l'âme et à celle de sa vie éternelle.

Jean-Michel Truong, chercheur en "cognitique" écrit : "Qu'est-ce que la quête d'immortalité dit de l'être humain ? Ce désir est aussi vieux que la mort. Il est aujourd'hui exacerbé par les promesses des nouvelles technologies. En réalité, pour les technoprophètes, il s'agit simplement d'attirer des capitaux vers les start-up exploitant ce que je nomme "le rush vers l'éternité", mené par une poignée de milliardaires américains. C'est un désir de nanti. Si on demandait à un mineur chinois s'il a envie de vivre éternellement, la réponse serait sans doute non". L'entreprise Google ne finance-t-elle pas Ray Kurzweil professeur au MIT, considéré comme le "pape" du Transhumanisme ? Elle finance également de nombreuses entreprises liées à ce concept.  Quand on connaît sa puissance en matière d'information (le meilleur et le pire et je suis victime du pire sur, entre autres : cf. www.christianophobie.fr), cela n'augure rien de bon en matière de désinformation ! En rémunérant ce gourou, Google règle de facto les factures des 250 pillules de compléments alimentaires qu'il ingurgite quotidiennement et qui représentent des milliers de dollars. Cela devrait faire réfléchir les adeptes de ses théories.

Il me semble que le Transhumanisme est une nouvelle utopie qui voudrait remplacer les religions et les philosophies anciennes en se parant de langages scientifiques : médical, biotechnologique, informatique. Des sciences certes il y en a dans les recherches  soutenues par ces capitaux mais leurs résultats concrets servent à étayer un fatras science-fictionnel, en particulier celui de la promesse d'une vie parfaite dans un monde parfait. Il est curieux que le terme ait été créé en 1957 par Julian Sorell Huxley, généticien et frère de l'auteur de science-fiction Aldous Huxley ("1984", "Le meilleur des mondes"). Le transhumanisme était-il génétiquement programmé ?

C'est également dans ces années soixante que les Timothy Leary, les William Burroughs, les Carlos Castadena, les Allen Ginsberg, les Henri Michaux voulaient augmenter les capacités du cerveau, élargir les consciences avec des drogues (Champignons hallucinogènes, Psilocibine, LSD, MDA, mescaline, héroïne, morphine autre cannabis...). Si ces personnages s'en sont bien sortis personnellement et ont bien négocié leurs expériences ($$$) on a vu ce que ça a donné pour les masses.

On peut toujours croire qu'on vivra 200 ou 300 ans : les Raéliens ne croient-ils pas qu'Adam ou les Prophètes dont parle l'Ancien Testament ont véritablement vécu des centaines d'années ? Les Chrétiens ne croient-ils pas à la résurrection de leur dieu-fait-homme, à l'immortalité de l'âme et à leur propre résurrection à la fin des temps ? Quelles preuvent scientifiques avancent-ils ? Aucune ! Le Transhumanisme parce qu'il s'appuie sur des langages techno-scientifiques et certains  commentaires de penseurs contemporains est-il l'espoir en l'immortalité des athées ?

Depuis que j'ai été diagnostiqué comme porteur d'une pathologie incurable et condamné par la médecine en son état actuel à peu d'années de survie, j'espère la découverte rapide d'un traitement curatif. Mais je ne demande qu'à survivre un peu plus longtemps que ce que les chercheurs me donnent (3 à 4 ans de "médiane de survie"). Je ne vise pas les 200 ans !
Le diagnostic de cette pathologie fut une très mauvaise surprise et bien qu'indésirable, je suis obligé de faire avec, comme tous les mortels confrontés à un tel destin médical. La condition humaine n'est-elle pas indésirable pour qui n'a pas voulu naître pour souffrir, vieillir puis mourir ? Mais qui d'ailleurs a demandé à naître ? Tout couple qui donne naissance à un enfant programme une mort future. Heureusement qu'il n'y pense pas et ceux qui y pensent lucidement s'abstiennent de filiation.

Les découvertes de la recherche médicale et les techniques chirurgicales telles que les transplantations d'organes tendent à réparer le vivant. Pour le Tranhumanisme, il ne s'agit plus seulement de le réparer - avec des mollécules chimiques ou des organes prélevés sur des morts comme aujourd'hui – mais de l'augmenter, avec les mêmes plus des prothèses, des nanotechnologies, des connexions informatiques...

Commençons par améliorer ce que l'on a déjà commencé à réparer avant de s'occuper de l'augmenter. Puis cherchons à réparer Parkinson, Alzheimer, Cancers, Fibrose pulmonaire idiopathique, Mucoviscidose, etc. En même temps, diminuons le réchauffement climatique, la faim dans le monde, les inégalités sociales : quel vaste et beau programme de réparation humaniste !

Les milliardaires américains ou russes qui investissent dans le Transhumanisme feraient mieux de rediriger leurs capitaux pour établir un monde meilleur dès aujourd'hui. Une belle petite planète de 6 milliards d'hommes (bientôt 9 en 2050) en bonne santé plutôt qu'une à venir surpeuplée de 25 milliards d'immortels. Faudra-t-il déménager cette humanité vers d'autres planètes ? Rael et les Scientologues ont des réponses à fournir !

Je ne crois pas, contrairement à Natasha Vita Moore Diva du Transhumanisme, qu'un jour nous aurons un corps alternatif. Je ne crois pas non plus à La Mort de la Mort comme le défend Laurent Alexandre, urologue, fondateur du site Doctissimo et président de DNAvision une société spécialisée dans le séquençage génétique. ARTE Future et WE Demain ont organisé en janvier 2016 une rencontre entre lui et Jacques Testart, le biologiste à l'origine du premier bébé éprouvette en 1982. Le titre : Peut-on augmenter l'homme à l'infini ?

Les deux personnalités incarnent deux visions de l'avenir radicalement différentes. Le premier vend le transhumanisme (LA) le second le combat (JT). Il faut absolument visionner cette vidéo (http://future.arte.tv/fr/immortalite/face-a-lavenir-testart-alexandre) et voir la tête de Jacques Testard lorsqu'il écoute les délires de Laurent Alexandre qui affirme par exemple qu'il n'y a pas de différence entre faire l'amour entre deux partenaires humains et faire l'amour entre un humain et un partenaire virtuel  ! Et pour rire un peu, voici quelques exemples de visages "augmentés" qui ne sont pas virtuels du tout :

D'une artiste, l'autre. Lorsque la plasticienne Orlan augmente la plastique de son visage c'est pour faire de l'art avec un grand recul critique :

Lorsque Natasha Vita Moore qui a fondé et dirige le Transhumanist Arts and Culture World Center se fait transformer par la chirurgie esthétique

... elle me fait penser à Kimber, personnage de la série TV Nick-Tup, un joli mannequin qui devient au contact de son amant chirurgien esthétique une pauvre poupée botoxée, siliconée. Lâchée par ce dernier, elle finit par sombrer dans la Scientologie qu'elle quitte pour la drogue. De la chirurgie esthétique à la Scientologie et à la drogue ? Dans un sens ou dans l'autre, ça ne vous dit rien ?

Jean-Baptiste Carhaix, avril 2016.